« Riviera Maya » 3 lieux à éviter, 3 lieux à visiter
La « riviera maya » s’étend de Cancun à Tulum. Le terme de riviera me suffirait pour vous dire de fuir les lieux. Un mot qui sent bon le soleil, le farniente et le luxe, mais qui sent aussi le marketing et l’uniformisation (« French riviera » en Côte d’Azur, « Makarska riviera » en Croatie, « riviera Bahia » au Brésil, « riviera Hainan » en Chine …) comme si le terme « riviera » était une franchise (où on y retrouve toujours les mêmes marqueurs, teintés d’un peu de culture locale pour le folkore).
- Tulum
Tulum est clairement notre numero uno.
C’est désormais devenu un hub de « digital nomades » … Ces nouveaux travailleurs adeptes du télétravail, qui recherchent dans le mouvement une qualité de vie meilleure et plus excitante que dans leurs pays d’origine. Cette nouvelle population entraîne et implique des changements majeurs, qui peuvent être vu comme un cercle vertueux ou vicieux selon les points de vue. Selon moi, l’afflux grandissant de ce type de population engendre une montée en gamme et donc une flambée des prix (par rapport aux localités environnantes) accompagnée d’une occidentalisation dans toutes les strates de la vie quotidienne (de la culture aux mœurs en passant par la gastronomie …). La déméxicanisation est en marche et elle tend vers une occidentalisation bien plus aseptisée, neutre et uniformisée.
Dans cette optique et pour être dans l’air du temps, Tulum représente le fer de lance d’une riviera Maya au style bohème chic, faussement éco responsable. Grâce à ça, la ville du sud se distingue de sa voisine du Nord, Cancun. Cette dernière étant bien plus grande et plus classique dans son style de station balnéaire, où on retrouve un tourisme de masse aux mécanismes éculés, mais toujours très prisé par les vacanciers en quête de fêtes débridées dans les caraïbes. Tulum se positionne donc comme l’alternative supposément authentique et intimiste de la zone. Un positionnement qui lui permet de pratiquer des prix prohibitif et d’attirer un public plus fortuné.
Tout ça n’est pas que négatif, il y a toujours du bon et du moins bon. Cela bénéficie entre autre à l’urbanisation, la modernisation des infrastructures, le désenclavement, l’ouverture sur le monde (quel monde ? J) et les opportunités que ça offre aux populations locales (une manne financière qui profite à peu mais qui est là). Même si la plupart des investissements sont des capitaux étrangers, ça crée des emplois … Dans la grande majorité et comme toujours, les populations locales ramassent les miettes, mais ça ouvre quand même le champ des possibles.
Si un digital nomade ou un vacancier à fort pouvoir d’achat et adepte de ce type d’atmosphère s’y plaira, je pense que ça n’est pas le cas d’un voyageur sac à dos ou tout simplement un voyageur en quête de Mexique avec des moyens limités (même si ça peut être une bonne base pour visiter les alentours comme la réserve de biosphère de Sian Kaan ou des sites archéologiques par exemple).
- Akumal :
C’est un des meilleurs exemples de ce qu’il y a de pire, tant la différence entre l’expérience vendue est différente de l’expérience obtenue. C’est aussi la démonstration de l’impact négatif de l’homme sur la nature et de l’homme… sur l’homme. Je l’appellerai donc « Arnakumal », le royaume de l’arnaque où tout le monde essaye de se rincer à tous les niveaux, au mépris de la loi, de l’écologie, de l’éthique et de la morale. Comme c’est malheureusement souvent le cas lorsqu’il n’y a pas assez de contrôle, de protection et de réglementation stricte, l’homme exploite jusqu’à détruire.
Aujourd’hui, il est trop tard pour classer la zone ou prendre quelconques mesures drastiques tant l’industrie touristique est implantée, allant même jusqu’à se substituer à la loi en imposant toutes sortes de mesures arbitraires et fallacieuses, visant à soutirer un maximum d’argent aux touristes (comme faire payer l’accès à la plage alors que cette dernière est publique, faire croire que vous devez obligatoirement être accompagné d’un guide …).
J’ai pu observer de mes propres yeux la décrépitude de ce joyau. Effectivement, 6 ans séparaient mes deux visites et j’ai vraiment vu la différence. La faune et la flore marine était beaucoup plus pauvre lors de ma seconde visite, c’était le jour et la nuit. Je n’ose pas imaginer ce qu’il adviendra de ce lieu dans le futur. La baie doit faire face à un afflux toujours croissant de touristes, par bus entier … La mer commençait à être noire de monde lorsque nous sommes partis, pourtant vers 10h du matin. Akumal qui signifie « ville des tortues » n’est plus qu’un aquarium géant exploité et sur-exploité, où vous ne serez qu’un jeton de plus … Certes vous verrez quelques tortues (forcément beaucoup moins qu’avant), mais à quel prix et dans quelles conditions ? Entouré par des dizaines et des dizaines, voire des centaines de personnes, flottant autour du pauvre animal … Passez votre chemin !
- Cancun / Playa Del Carmen … Même combat !
Les raisons me semblent évidentes. En revanche, si vous êtes en quête de festivités qui ne s’arrêtent jamais, d’alcool pas cher et de plages bondées, ce sont des endroits qui répondront à vos attentes. Cependant, il peut être intéressant de les prendre comme des camps de base, pour visiter des alentours riches en attractions. Ce sont des hub qui concentrent beaucoup de solutions de transports et à partir desquels il est donc très simple de voyager, autant sur des courtes que sur des longues distances.
Dans cette optique, je vous conseille de sortir du réseau de bus ADO, qui représente souvent la solution de facilité tant son réseau est tentaculaire dans le pays. Ils offrent des prestations haut de gamme, mais aussi des prix en conséquence … Il peut revenir très cher de voyager avec eux. La note peut très vite et facilement être divisée par 2, 3 voire 4, en prenant des compagnies de secondes zones ou même en fractionnant son trajet grâce aux minibus collectifs. De plus, votre confort n’en sera que peu impacté … Surtout si c’est pour un court trajet. Pensez-y à deux fois avant de vous ruer sur cette compagnie !
- Río lagartos
Ce petit village situé au nord du Yucatan nous a vraiment enchantés. Tant par son atmosphère que par ses atouts naturels. Localisé à seulement 2h de Valladolid, sa situation géographique très accessible devrait en faire un point d’arrêt incontournable pour les voyageurs en quête d’authenticité, de calme et de nature. Le dernier point représente l’attraction majeur du village, puisqu’il est très facile de prendre un bateau, afin d’aller observer la faune et la flore dans la réserve de biosphère éponyme et d’évoluer ainsi dans un mélange de mer et de mangroves fascinant, peuplé par un grand nombre d’oiseaux et de mammifères. Vous pourrez notamment y voir des flamands roses, des crocodiles, des pélicans … La ville possède toutes les commodités et recèle aussi de nombreux restaurants pour tous les budgets.
Je vous déconseille fortement la ville de Las Coloradas située juste à côté. Célèbre pour son lac rose, les touristes du monde entier s’y pressent pour instagramer cette merveille de la nature. On raconte que l’eau tient sa couleur des micro-organismes, des bactéries et de la concentration de sel.
L’histoire est belle, mais malheureusement, elle n’est pas entièrement vraie. S’il y a bien un impact de ces éléments sur la couleur de l’eau, ils ne sauraient lui apporter à eux seuls, la couleur aussi vive, presque fluorescente que l’on voit sur les photos. La faute aux retouches post cliché … Et à l’intervention humaine ! Effectivement, ce dit lac est bordé par des exploitations de sel. L’adjonction de produits chimiques pour faciliter l’extraction du sel serait un des principaux facteurs de sa coloration. Depuis cette découverte, ils déverseraient beaucoup plus de ces produits chimiques pour conserver et accentuer la couleur tant recherchée. Cette information nous a été confirmée par beaucoup de locaux ainsi que par des professionnels du tourisme sur place. De plus, le lieu est encore une fois le théâtre d’arnaques en tout genre et de tentatives d’extorsions injustifiées (portant toujours sur la nécessité d’avoir un guide).
- Mahahual
Situé à l’extrême Sud du Quintana Roo, ce petit village est un bon mélange entre tourisme et authenticité. Sa situation géographique pourrait en rebuter plus d’un puisque la ville est située à 230km au sud de Tulum et plus de 350km de Cancun. Néanmoins la route pour y accéder est en bon état et le parcours se fait très facilement. Plusieurs options s’offrent à vous, suivant l’endroit dont vous partez.
Personnellement, nous avions opté pour les mini vans locaux, qui représente souvent le meilleur rapport qualité / prix. Pour ce faire, nous avions pris un van depuis Playa Del Carmen (il suffit d’identifier la station qui se rend vers le Sud) jusqu’à Felipe Carrillo Puerto, puis un autre jusque Pedro Antonio Santos (plus de trafic qu’en passant par Limones) puis direct à Mahahual. Ça peut paraître fastidieux mais ça s’enchaine très bien.
La récompense est au bout du chemin ! Un village à taille humaine avec assez d’options pour toutes les envies, mais pas trop pour vous perdre dans une jungle touristique souvent sclérosante et insupportable. Tout le monde y trouvera son compte, dans une atmosphère caribéenne reposante. Pour terminer mon argumentaire, je rajouterai qu’en plus de cet environnement pittoresque, la ville représente une belle étape dans votre route pour Bacalar, qui je présume, trustait déjà les premières places dans votre itinéraire. Je n’ai pas mis la lagune du sud dans ce top tant le lieu est assaillit de visiteur. Mon seul conseil pour visiter cette étendue d’eau aux multiples couleurs, sera de vous rendre au sud, vers Xul-Ha.
- Cozumel
Je ne pensais pas que cette île située en face de Playa Del Carmen serait dans mon top ! Effectivement, sa localisation en face de ce temple de la fête combiné à son titre de plus grande île du Nord-Est Mexicain, pouvait laisser croire le pire … A savoir le prolongement de la débauche Carménienne sur ce bout de terre. Et ce n’est pas la facilité d’accès qui allait nous rassurer, tant les horaires des deux entreprises de navettes maritimes qui exploitent la route, sont rapprochés et fréquents. L’île est accessible de tôt le matin à tard le soir.
C’est donc avec une certaine appréhension que nous avons pris l’une d’entre elle. Une fois sur place, nous avons loués un scooter … Moyen de transport privilégié si vous ne voulez pas être tributaire d’un réseau de transport en commun très réduit, difficilement identifiable et réservé à un usage local, hors circuit touristique. Les tarifs sont raisonnables et la circulation plutôt fluide est facilement appréhendable. Parcourir l’île aux mains de cet engin a été un bonheur de tous les instants ! La côte Ouest contraste beaucoup avec son homologue de l’Est … De l’urbain au rural il n’y a qu’une route transversale, qui vous prendra une vingtaine de minutes à parcourir. La jungle prédominante sur ce petit territoire, fait qu’on peut très vite se retrouver dans un univers sauvage qui a l’air vierge de toute activité humaine. Ce côté robinson est renforcé par le peu de constructions sur la côte Est. Le littoral y est relativement préservé (en tout cas beaucoup plus que ce qu’on pourrait imaginer). Il est surtout épargner de la présence de plages privées et de leurs transats qui se propagent comme des tumeurs qui métastasent.
Des grandes étendues de sables avec de l’eau couleur turquoise, le cliché des caraïbes est bien présent ! Cependant, l’agitation de la mer, qui ici n’est pas protégée par une barrière de corail, n’en fait pas un bon spot pour le snorkeling ou la plongée, mais ravira les amateurs de sports de glisses et de vagues. Pour ces activités d’observations marines il faut aller sur l’autre côté. Même si il est beaucoup plus exploité, il reste sympathique à parcourir. Le centre-ville est classique d’une station balnéaire, mais avec une ambiance un peu plus détendue et familiale que son pendant continental.