L’alcool d’hier à aujourd’hui, histoire d’un pharmakon

Pas d’introduction longue et fastidieuse. Ce texte traitera de l’alcool au sens large. Comme n’importe quelle production humaine, il se peut que ce texte vous apparaisse comme incomplet, bancale, voire même fallacieux. N’hésitez surtout pas à entamer vos propres recherches contradictoires. En bon zététicien, je serai ravi de vous lire. Par contre, si vos propos consistent à mettre en avant une vérité que vous considérez comme indéniable et irréfragable, merci dès lors de ne pas interagir. Les discours assénés de manière péremptoires et dogmatiques ne m’intéressent guère.

Alcool et théorie de l’évolution

La métabolisation de l’alcool par l’homme (au sens large LGBTQIA+) a été rendue possible grâce à une mutation génétique, que l’on doit à nos ancêtres primates, il y a environ 10 millions d’années. Effectivement, selon notamment une étude publiée par la revue scientifique du PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), lorsque ces grands singes sont descendus des arbres pour adopter un mode de vie terrestre, ils auraient commencé à récolter et consommer des fruits tombés au sol, qui, suite au processus naturel de fermentation, contenaient de l’éthanol.

C’est donc à ce moment que nos lointains aïeux auraient été pour la première fois confrontés à l’ingestion de quantités substantielles d’éthanol alimentaire. Un évènement qui leur aurait permis d’affuter une enzyme catalytique (une protéine aux propriétés accélératrices dans un processus donné, ici la métabolisation de l’alcool) appelée « alcool déshydrogénase 4 », qui est codée chez l’homme par le gène ADH4. Protéine de premier plan (puisque présente dans la bouche et l’estomac), qui déclenche un mécanisme complexe impliquant de nombreux autres acteurs.

Pour ce faire, les scientifiques ayant travaillé sur cette étude ont étudié plus de 70 millions d’années d’évolution pour finalement identifier et dater ce bouleversement à environ 10 millions d’années. C’est cet évènement (le fait de descendre des arbres) et cette rencontre (avec les fruits fermentés) qui ont permis de mettre à jour les capacités de cette enzyme vis-à-vis de l’alcool.

La métabolisation de l’alcool est donc dans nos gènes. Elle s’est largement améliorée avec le temps, mais à l’époque on pouvait sans doute voir des singes en état d’ébriété errer dans la forêt primaire. Ce qui a dû être à l’origine de bien des décès. Ces travaux sur l’origine de la capacité à métaboliser l’alcool par l’homme, trouvent sûrement leur source dans « l’hypothèse des singes ivres » émise par Robert Dudley au début des années 2000.

Dans cette optique, les travaux du chimiste Steven Benner et son équipe (je suppose que c’était le chef de file) vont plus loin. Dans une autre étude (conduite par peu ou prou les mêmes larrons que la précédente), ils sont allés jusqu’à ressusciter les enzymes de primates disparus pour les analyser et les comparer à 27 espèces de primates modernes. Des travaux extrêmement complexes pour un individu comme moi, aux connaissances infinitésimales en physique-chimie (mon parcours étudiant dans cette matière ayant été troublé par ma volonté d’adopter un comportement clownesque vis-à-vis de mes camarades, ce qui a pris largement le pas sur mon implication intellectuelle). Libre à vous de vous y confronter.

Je retiens néanmoins que tous les primates n’étaient et ne sont toujours pas logés à la même enseigne. Effectivement, avant la branche des gorilles, chimpanzés et humains, les autres primates ne pouvaient pas métaboliser l’éthanol (d’autres types d’alcool oui, notamment celui présent dans les feuilles). Cet « avantage concurrentiel » sur les autres aurait contribué à leur survie… Et donc à notre apparition !

Nous devons donc notre existence à l’alcool, prosternons nous devant le dieu enivrant, célébrons cette découverte à grands coups de mètres de shot vodka caramel, vodka get 27 ou tequila paf pour les plus téméraires. Pour ensuite aller nous vautrer dans la décadence d’une boîte de nuit, avec un comportement désinhibé et libidineux, puis continuer au petit matin dans un gourbi où se mêlent des odeurs de tabac froid, de bières bon marché qui titrent à plus de 8 degrés et de vin rouge portant fièrement la mention « vin de la communauté européenne ». Alors que certains participants errent dans les paradis artificiels accessibles après la consommation de drogues de synthèse, d’autres refont inlassablement le même débat en boucle…

Ce monde merveilleux où les éclats de voix font écho aux éclats de verres tombés au sol suite à un mouvement hasardeux. Une cacophonie heureuse dans un monde loin de la réalité, qui tranche avec un funeste réveil, entre souvenirs épars, culpabilité, fébrilité physique et morale, velléités suicidaires ou encore transpiration excessive… Non, bien sûr tout ceci n’est que fiction et tout rapprochement avec des faits réels ne saurait qu’être fortuit.

On va désormais faire une ellipse et un saut dans le temps, pour nous rendre directement à l’époque du Néolithique. Dernière période de la préhistoire et étape clé dans notre évolution.

Néolithique ou l’entrée dans l’ère de l’alcolithique

Il est très difficile de dater précisément les différentes périodes de notre évolution. Celles-ci sont très changeantes suivant les critères pris en compte et les endroits sur la planète. Ce ne sont que des repères temporels pour se situer sur la fresque de l’histoire de l’humanité. Personne ne s’est réveillé un matin en se disant avec stupeur que c’était le dernier jour du Mésolithique et qu’il fallait se bouger pour rentrer dans le Néolithique.

La consommation d’alcool remonterait à nos ancêtres les homos sapiens, voire même les homos erectus … Si le débat fait rage dans la communauté scientifique pour savoir qui a ouvert la boîte de Pandore, ce qui est sûr, c’est que la consommation d’alcool chez l’humain est antédiluvienne ! Le même constat s’applique aux drogues psychotropes … Effectivement, si leur découverte et leur consommation sont très difficilement datables, on peut légitimement penser que l’homme consommait nombre de baies ou plantes aux propriétés psychotropes ou psychoactives.

Les travaux d’Elisa Guerra Doce, archéologue spécialiste de l’ébriété dans les périodes préhistoriques (oui, c’est une spécialiste de ça), sont très intéressants à ce sujet, puisqu’elle avance que l’usage de drogue, souvent mêlé à de l’alcool, était réglementé et codifié dans les sociétés préhistoriques, pour remplir un rôle principalement axé autour du sacré. Ces substances étant considérées comme un moyen pour rentrer en contact avec l’au-delà.

Ce serait donc à cette période que l’usage de la drogue fut exclusivement délégué à des initiés ou des personnes au statut particulier, pour ensuite être assez rapidement récupéré par le domaine médical, dans une suite qui apparaît logique. L’alcool échappant à ce contrôle, se répandit alors comme une traînée de poudre… Diffusion encouragée et facilitée par un nouveau mode de vie, puisque le Néolithique marque la période où l’homme devient de moins en moins nomade et de plus en plus sédentaire.

L’alcool commence à occuper une place de plus en plus grande dans ces nouvelles sociétés. Certains pensent même que l’homme s’est sédentarisé pour pouvoir produire et consommer de l’alcool. On peut donc légitimement penser que sa volonté de consommer ait largement contribué à faire naître l’agriculture et tout ce qui accompagne la sédentarisation. L’alcool aurait donc poussé l’homme à se sédentariser ? Entre autres, oui ! Ce n’est pas un fantasme que de penser ça.

Des spécialistes ont découvert, ce qui est encore aujourd’hui, le plus ancien site de production d’alcool au monde. Située dans le nord du territoire actuel d’Israël, la grotte de Raqefet témoigne de nombreux stigmates liés à la production de bière, avant même l’apparition de l’agriculture. Ce qui veut dire que certains lointains cousins produisaient déjà de l’alcool à base de céréales, avant de maîtriser l’agriculture ! De là à penser que la volonté de produire de l’alcool ait eu un impact sur la genèse de l’agriculture, il n’y a qu’un pas.

Le passage du nomadisme au sédentarisme et la maîtrise de l’agriculture (qui accompagne celle de l’élevage), marquant la transition entre une logique prédatrice et une logique de production, a toujours été vu comme une évolution majeure. L’alcool tiendrait donc une place prépondérante dans notre histoire. Cela nous indique aussi qu’en plus d’être génétiquement capable de métaboliser cette substance, son usage à des fins récréatives ou antidépressives est ancré dans notre patrimoine génétique et culturel.

En plus de ces finalités relativement hédonistes, l’alcool aurait aussi rempli un rôle social et sociétal majeur. Effectivement, si le Néolithique marque le début des différenciations sociales et l’apparition des prémisses d’une société de classe, l’alcool n’y serait pas étranger. Étant difficile à produire, sa consommation était réservée à une élite. Nombre de scientifiques pensent donc que l’alcool a été un moyen d’asseoir sa domination ou en tout cas de la montrer. Dans les hautes sphères, on s’adonnait donc déjà à des plaisirs décadents …

Antiquité, l’alcool sujet philosophique

Platon (et donc Socrate) avait déjà bien cerné les dangers d’une consommation excessive d’alcool, sans pour autant tomber dans un discours dogmatique prônant sa prohibition. C’est à cette période qu’on envisage cette substance comme un pharmakon, c’est-à-dire quelque chose qui est à la fois un remède et un poison. À cette époque, la folie et la déraison en règle générale ne sont pas perçues comme des menaces sociétales. Donc la folie passagère qui accompagne les excès d’alcool bénéficiait du même traitement. C’est aussi à ce moment que l’on retrouve la locution connue “in vino veritas” (que l’on doit au poète Alcée de Mytilène qui chantait, entre autres, à la gloire du vin).

La consommation d’alcool était aussi vue comme un moyen d’accéder à une forme de lucidité et d’honnêteté envers ses semblables. On lui prêtait des valeurs positives, jusqu’à un certain point… Le basculement que tout le monde connaît, où l’on sombre dans la vésanie jusqu’à devenir un autre, un double maléfique, qui débarrassé des barrières de la pensée et de la raison peut facilement se noyer dans la violence, la haine et le ressentiment. L’alcool agissant alors comme un venin.

Platon n’était pas un soulard ou un pochetron, loin de là. Il prônait la modération et le contrôle face à un produit qu’il considérait déjà comme aliénant. Sans doute pour conserver sa liberté puisqu’à l’époque cette notion était associée au contrôle de ses passions (comprendre le contrôle de ses pulsions et de ses sentiments) et donc à la modération pour éviter de devenir esclave de ses dernières.

Cela a bien changé puisque aujourd’hui, on prône le lâcher-prise (d’où l’expression “lâche-toi”) et le fait de céder à ses pulsions (société de consommation). On peut donc largement considérer que notre époque mène à l’aliénation et l’asservissement à nous-mêmes. Le travail d’Olivier Douville (psychanalyste et anthropologue) est très intéressant et étoffé à ce sujet, vous pouvez consulter un aperçu ici et ainsi avoir une idée du positionnement de Platon ou Aristote sur la question.

Notez qu’à cette période, il était commun et signe d’éducation de consommer le vin coupé avec de l’eau (très répandu chez les Grecs puis les Romains mais beaucoup moins en Gaule).

Ce qui est sûr, c’est que l’ambivalence de l’alcool est connue de tout temps.

Les Grecs considéraient la bière comme un alcool de barbares, une sorte de consolation pour les peuples n’ayant pas accès à la vigne et au savoir-faire viticole. Mais c’est bien la bière et l’hydromel qui apparaissent comme les premières boissons alcoolisées produites et consommées. Cependant, le vin gagne très rapidement une notoriété incomparable chez tous les peuples, qui n’hésitent pas à en importer. Là encore, l’alcool et en particulier le vin, joue un rôle principal dans le développement des échanges commerciaux internationaux.

Pendant l’apogée de la Grèce, les échanges se démocratisent et s’intensifient pour se répandre en Europe du Nord, aux régions voisines proches de la mer noire et jusqu’en Asie mineure. Cette explosion des échanges s’accompagne forcément de son lot d’innovations, qui vont des moyens de stockages aux méthodes de transports, en passant par les procédés de production. Ces dernières vont bien sûr profiter par la suite à tous les autres domaines de la société. Le vin constituait un produit et/ou une monnaie d’échange extrêmement prisée, qui n’avait rien à envier aux étoffes, pierres précieuses, matières luxueuses (l’or, l’ébène ou l’ivoire par exemple) ou parfums, et qui a donc largement participé au rayonnement de la Grèce antique puis de l’empire romain (même si l’alcool est un des nombreux facteurs endogènes responsable de sa décadence et de sa chute) sur la scène internationale.

L’alcool, comme on l’a vu, a indéniablement contribué à notre évolution, de notre sédentarisation à notre structure sociétale, en passant par nos économies jusqu’à l’organisation des échanges et du monde en général. Notre histoire et celle de l’alcool sont liées, c’est d’ailleurs nous, humains, qui l’avons fait perdurer et pérenniser.

Sa consommation est donc bien plus que culturelle, elle est indissociable de l’humain. Comme si depuis tout temps, notre condition nécessitait un élément extérieur pour s’en émanciper, pour échapper à nous-mêmes et pour tempérer notre conscience. L’homme étant victime de lui-même, victime de l’absurdité de son existence… Pour moi, la vision de Rousseau sur la nature humaine et la vie en société prend alors tout son sens. L’alcool vient agir comme un agent fédérateur et rassembleur, mais aussi destructeur et mortifère dans la société (d’où la notion de pharmakon). L’alcool est à l’image de l’humain qui en consomme.

C’est la chose la plus prisée pour échapper à notre condition, pour prendre du recul vis-à-vis de nous-mêmes et pour prendre congé des autres. L’aliénation induite par la vie en société mène à la névrose, qui mène elle-même à une volonté de s’en extirper. Volonté satisfaite facilement par la consommation d’alcool, qui permet un anéantissement progressif de sa conscience. J’envisage donc l’alcool comme un moyen de décompensation indispensable à la bonne marche de la société ou, à minima, au maintien des conventions sociales que nous avons construites. “L’homme est bon par nature, c’est la société qui le corrompt” disait Rousseau, l’alcool a donc toujours permis à l’homme de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d’accepter cette corruption de lui-même inhérente à lavie en société.

Il y a bien sûr d’autres moyens, mais ils sont beaucoup plus marginaux et demandent un investissement bien plus gros que la simple consommation enivrante. Ils demandent une réelle confrontation avec nous-mêmes et avec le réel, un apprentissage long et difficile, souvent un chemin à travers notre être, qui va de la pratique sportive à la spiritualité, en passant par des exercices impliquant la respiration et l’esprit, et bien d’autres méthodes visant à mieux appréhender la vie avec soi-même et donc avec les autres.

Cependant, comme le dit si bien Idriss Aberkane, spécialiste des neurosciences et du cerveau, ce dernier est très fainéant et s’il est très facile d’user de ce que l’on appelle “les biais cognitifs” pour manipuler des tierces personnes (à l’échelle de population entière), il est aussi très aisé d’être trompé par soi-même et de générer des biais cognitifs qui nous permettent de sombrer dans la facilité.

Dans la fresque de notre histoire, nombreux sont les philosophes qui ont évoqué l’alcool et tenté de comprendre sa place dans nos sociétés …

Je terminerai cette partie en citant Platon « Le vin est un remède souverain contre la crainte, et il a comme autre effet de provoquer un laisser-aller. Anxiolytique et relaxant, le vin a tout d’un compagnon aimable. Jusqu’à un certain point cependant, tant l’absence de crainte peut mener au parjure et à l’irrespect des lois si elle se corrompt en fantasme d’indestructibilité, et le laisser-aller, nécessaire, comme le sont la rêverie ou l’imagination créatrice, peut lui aussi se dégrader en langueur, en abandon d’une tenue morale. Aussi le vin, s’il éloigne temporairement et salutairement des crispations excessives et des frayeurs chimériques, est-il, en excès consommé, un danger pour l’âme. »

L’alcool et les principales religions monothéistes

L’arrivée des religions monothéistes tranche avec l’ère polythéiste qui la précédait. Cette transition marque aussi l’abandon des figures transcendantales liées à l’alcool et à l’ivresse, comme Dionysos ou Bacchus, pour embrasser un seul et unique Dieu, omniscient et omnipotent. Je m’intéresserai ici aux principales religions monothéistes (abrahamiques), à savoir le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Exit donc Zarathoustra, cher à Friedrich Nietzsche, prophète du zoroastrisme (ou mazdéisme), ancienne religion perse, considérée par beaucoup comme la première religion monothéiste.

Il est intéressant d’observer l’évolution des religions monothéistes, puisque ces dernières imposent une ligne directrice et un cadre beaucoup plus rigoureux et strict que ses prédécesseurs. Je vois aussi cette transition comme une passe d’armes entre une logique hédoniste et une logique eudémoniste. L’hédonisme, doctrine considérant la vie comme une recherche perpétuelle de plaisir et l’évitement de la souffrance, lorsque l’eudémonisme (notion très épicurienne et stoïcienne) vise lui à une poursuite du bonheur plutôt que du plaisir. On retrouve donc dans cette dernière, la notion de modération et de contrôle, qui serait l’une des clés à l’accession au bonheur. Ces notions sont aussi indispensables dans le cadre d’une consommation d’alcool maîtrisée. On peut donc légitimement penser que l’alcool dans nos sociétés (via notamment le côté poison de ce pharmakon), a contribué à cette bascule civilisationnelle et ce changement de paradigme.

Dans cette optique, il est très intéressant de constater qu’aucune de ces 3 religions ne proscrit totalement, ouvertement et directement l’alcool en tant que tel. Le produit peut même être utilisé à des fins rituelles (comme dans le judaïsme, par exemple). Dans tous les cas, on déconseille sa consommation plus qu’on ne l’interdit. Même dans la pratique de l’islam, ce n’est pas sa consommation qui est interdite, mais plutôt son excès et donc l’ivresse (de nombreuses interprétations existent à ce sujet, je ne souhaite pas heurter la sensibilité de chacun, le monde religieux et les adeptes se déchirent déjà suffisamment sur ce type de questions). Toutes ont donc un point commun : tenter d’endiguer le fléau sociétal que représente l’alcool, contrôler sa consommation et pousser ses fidèles à la modération, voire à la sobriété.

Au diable l’hédonisme, bonjour l’eudémonisme ! Et avec ce changement de paradigme, au revoir la consommation déculpabilisée et déraisonnée de l’alcool. On observe donc un inversement, ou du moins, un changement de point de vue. C’est très intéressant puisque dans nos nouveaux mondes qui rejettent le conservatisme et qui deviennent de plus en plus areligieux (il faut fairede la place au mondialisme rassembleur), on observe un retour à l’hédonisme encouragé par la société de consommation, l’accumulation de biens et de richesses (qui sera bientôt réservée à une élite hégémonique, puisque le projet est de faire de nous des simples locataires) et les injonctions à “se faire plaisir”.

La consommation d’alcool demeure néanmoins un enjeu sociétal, mais sa maîtrise repose sur des faits scientifiques et rationnels. C’est avant tout un sujet de santé publique, dénué de toutes considérations transcendantales (et donc adapté à n’importe quel type de société moderne). Ici, il s’agit surtout de garder le consommateur (et sa force de travail) en vie le plus longtemps et le mieux possible, en tentant de limiter au maximum son coût pour la collectivité. Il n’est pas question d’être un meilleur humain et de combattre la perversion, la corruption induite par l’alcool.

C’est d’ailleurs un sacré numéro d’équilibriste auquel se livre la “République laïque” (créée avant tout pour détruire le catholicisme, l’identité collective française et l’idée de figure transcendantale, mais c’est un autre sujet). Je pense que la pseudo-volonté de combattre le fléau que représente l’alcool se heurte aux conflits d’intérêts économiques gigantesques liés à ce secteur, à la puissance destructrice que représente l’alcool pour l’action, l’esprit critique, la contestation rationnelle et organisée (l’alcool fait pourtant partie intégrante de l’image de liberté individuelle post-moderne dans un mode de vie mis en avant et érigé comme seule voie émancipatoire et salutaire). L’alcool reste lié aux jeux, à la distraction… “Du pain et des jeux”.

En évoquant l’instauration de la République (suite à une prise de pouvoir de la bourgeoisie sur la noblesse et non un soulèvement populaire, ça encore, c’est un autre sujet), il est très intéressant de voir que le mot “alcoolique” est né en 1789. Il est donc légitime de croire qu’il servait à stigmatiser et décrédibiliser les dissidents (souvent des pauvres paysans). Un procédé toujours d’actualité avec d’autres mots…

Pour conclure sur ce court passage sur les religions, le christianisme me semble être la plus permissive (ou qui fait le plus appel à la responsabilité individuelle et au discernement selon le point de vue). Même si la toxicité de l’alcool est largement évoquée dans la bible.

Alcoolique !

N’importe quel réseau social regorge de vidéos, images et autres « memes » sur le thème de l’alcool. Ces derniers exploitent notre faiblesse vis-à-vis de cette substance avec humour et facétie. La surconsommation d’alcool y est prônée tel une fierté ou à minima, quelque chose de risible. J’ai beaucoup de mal à comprendre cette engouement par des personnes qui ne présentent (à première vue) pas de problèmes manifestes avec la boisson, pour une telle surpromotion de cette dernière.

En ce sens, le produit est vraiment devenu un élément de mesure sociale et une source inépuisable de drôleries. Comme si on se moquait de l’impact de ce poison sur nous. Ce qui m’interloque le plus, c’est que la majorité des personnes partageant ce type de contenu ou y étant sensible, sont les personnes qui généralement consomment le moins ou de manière raisonnée.

Il s’agit vraiment de se construire une image dite « cool » à moindre frais. La construction de son personnage social sur les réseaux passe souvent par quelques clichés aux côtés du traditionnel cocktail, du verre de vin ou de la pinte de bière. Ce qui contribue largement à faire l’apologie de cette substance hautement toxique, dans une impunité qui semble ne choquer personne.

D’ailleurs, il m’apparaît très étrange que l’alcool, pourtant la drogue la plus dangereuse qui existe (beaucoup plus nocive que n’importe quelle autre, devant l’héroïne, la cocaïne ou tous les traitements de substitution) est la seule qui bénéficie d’un telle traitement de faveur. Il y aurait donc des consommations raisonnées, responsables, bienveillantes … Ou que sais-je, citoyennes peut être (depuis l’arnaque absolue de la vaccination covid et la « vaccination altruiste », on peut tout imaginer) là où d’autres sont stigmatisées d’entrée, dès la première confrontation.

On peut penser aux drogues psychotropes, psychoactives … De synthèses ou naturelles … Aucunes ne bénéficient du statut d’intouchable que l’on confère à l’alcool. Ce n’est absolument pas un problème d’accessibilité ou de popularité. Le problème réside bien sûr ailleurs … Surtout dans des considérations societalo-économico-politique.

A ce sujet, je vous conseille l’excellent livre de Michel Roseinzweig « l’envers de la drogue, une imposture démasquée », qui retrace l’histoire de ces dernières, qui navigue entre questions religieuses (le changement de paradigme d’hédonisme à eudémonisme n’a bien sûre pas bénéficié aux drogues), morales (qui ne restent que des constructions humaines et qui ont étés maintes et maintes fois inversées à travers notre histoire, au grés de notre évolution, comme l’explique magnifiquement Fréderic Nietzsche dans sa « généalogie de la morale ») et surtout politico-économiques (structuration d’une économie pharmaceutique mondiale et plus que florissante, volonté de contrôle des individus, d’uniformisation des comportement, de réduction de l’indépendance …).

Alors, « alcoolisme », oui le mot est lâché ! Coup de tampon sur la carte de membre comme dirait un humoriste qui m’est cher … Il est temps d’en finir avec l’image de l’alcoolique débutant sa journée avec un café calva, avant d’enchaîner crescendo sur un emploi du temps aussi chargé que mortifère. La question de la dépendance est une question centrale et prépondérante (qui, nous le verrons, est très orientée et définie dans le cas de l’alcool, alors qu’il existe une pluralité d’approches et de profils).

Je me demande pourquoi elle l’est autant puisque nous sommes des êtres dépendants par nature. Dépendant de nos besoins physiologiques, affectifs, cognitifs … Nous n’allons pas refaire la pyramide de Maslow, mais nous sommes des êtres indubitablement et inéluctablement dépendant de nous-même, surtout vis-à-vis de notre égo et de notre conscience, qui est à mon sens le plus gros danger que doit affronter l’humain, avant n’importe quel autre, puisque tout, absolument tout y est lié.

Nous sommes dépendants de notre environnement tant endogène qu’exogène …

Selon moi, la normalité que nous avons construite comme liant sociale et sociétale, nous permet juste d’harmoniser nos dépendances et de les faire cohabiter, afin de créer un archétype auquel se conformer pour pouvoir s’intégrer et maintenir à flot la supercherie et ainsi faire en sorte que la pièce de théâtre se déroule (en ce sens, comme le dit Rousseau, c’est la société qui corrompt l’homme et pas l’inverse).

Mais nous n’en restons pas moins des êtres profondément singuliers. Je paraphraserai Aristote qui disait « L’homme est un animal social »  (social au sens de politique) dépendants et interdépendants les uns des autres. L’homme, au risque de me répéter, n’est pas guidé par la bienveillance, ce n’est qu’un serviteur de soi-même et de son intérêt. Désigner des dépendants, des parias, des trouble-fêtes, n’est qu’une manière de s’auto-désigner à l’opposé et d’éluder les principales questions liées à ces comportements, en rejetant la faute sur un produit.

Je fais une parenthèse pour dire que dans la société que nous avons érigée, ceux qui sont malheureusement devenus des parias appelés « toxicomanes » (terme discutable, comme l’explique très bien Michel Rosenzweig dans le livre que j’ai cité plus haut), peuvent potentiellement représenter un danger (pour eux et pour les autres) et créer des troubles à l’ordre public, je ne nie pas l’existence de problèmes les concernant (qui sont des finalités, les conséquences d’un long processus). Mais, au risque de choquer, les toxicomanes de l’information, les faiseurs de guerre, les personnalités publiques qui assènent des certitudes, les individus corrompus, les lobbyistes … Sont tout aussi (je ne fais pas de hiérarchie dans la dangerosité) nuisibles qu’un toxicomane en errance …

Il est aussi intéressant de voir que 7 des 10 drogues les plus addictives au monde, sont légales et/ou distribuées par l’industrie pharmaceutique (tabac, méthadone, barbituriques, alcool, benzodiazépines, amphétamine, buprénorphine). Les 3 autres sont l’héroïne (fait à partir de morphine, aussi largement utilisée dans le milieu médicale), le cannabis (qui tend à se légaliser à travers le monde et qui commence à l’être en France via notamment le CBD) et la cocaïne. Intéressant de voir que dans un cadre légal, on peut légitimement être un toxicomane agréé par les institutions.

Cela pose largement la question de l’indépendance de l’individu et de son libre arbitre (même si la question même de l’existence de ce dernier est largement contestable, comme l’expose très bien Spinoza qui le considère comme une illusion de plus), ainsi que celle de son émancipation vis-à-vis du dieu allopathe.

Revenons en au sujet principal qui est l’alcool et plus précisément l’alcoolisme. Souvent associé à une consommation chronique et déraisonnée, c’est en fait une addiction bien plus subtile et sournoise. L’archétype traditionnel de l’alcoolique reste très marginal, cependant, il permet à tout un chacun de relativiser sur sa propre consommation et de se déculpabiliser en se comparant à ce modèle grossier et dépassé, ce qui lui permet de s’auto désigner à l’opposé.

Au travers de mes recherches, je me suis beaucoup intéressé à une multitude d’études sur l’alcoolisme et l’alcool en général, et je me suis attardé sur un chercheur répondant au nom de Thomas F. Babor. Ce dernier nous propose une classification des alcooliques, à partir de nombreux travaux préexistants, datant du 19eme siècle à nos jours.

Selon lui, l’histoire de l’étude de l’alcoolisme peut être divisée en 3 périodes clefs, d’abord l’ère préscientifique, puis l’ère Jellinek et enfin l’ère post Jellinek. Il apparait donc que cet Elvin Morton Jellinek serait un personnage central dans l’étude de l’alcoolisme (ce qui me paraît d’emblée très romanesque et fantaisiste puisqu’un homme seul ne peut pas détenir une vérité, ni même l’incarner …).

Cependant, il est vrai que ce dernier nous propose une classification des alcooliques qui me semble intéressante et dont je ne connaissais pas l’existence (ça n’est pas la seule, puisque selon la littérature scientifique, 39 classifications ont étés proposées entre 1850 et 1941). Cette taxinomie vise à créer cinq groupes de types d’alcooliques appelés Alpha, Beta, Gamma, Delta, Epsilon.

  • Alpha : Il se caractérise par une consommation d’alcool indisciplinée qui perturbe les relations interpersonnelles et familiales de la personne ainsi que sa vie professionnelle, avec une dépendance aux effets de l’alcool pour soulager la douleur physique ou émotionnelle, mais sans perte de contrôle ou incapacité à s’abstenir.
  • Beta : Il se caractérise par des complications médicales graves (par exemple, lésions hépatiques, gastrite, carences nutritionnelles) associées à une consommation d’alcool indisciplinée, mais n’implique pas de dépendance physique ou psychologique.
  • Gamma : Il se caractérise par une dépendance physique et psychologique, une tolérance, une perte totale de contrôle de la consommation d’alcool et des symptômes de sevrage en cas de suspension de la consommation.
  • Delta : C’est une forme similaire à l’alcoolisme gamma mais il se distingue par l’incapacité de la personne à s’abstenir, par opposition à la perte totale de contrôle de la consommation d’alcool.
  • Epsilon : Il se caractérise par des épisodes périodiques de consommation excessive d’alcool, entrecoupés de périodes d’abstinence de plusieurs semaines ou mois.

Dans toutes les classifications, nous retrouvons toujours la notion de maîtrise de soi vis-à-vis du produit et le phénomène de périodicité censé distinguer les alcooliques problématiques (oui, il y aurait des alcooliques non problématiques …) des autres.

Cela me paraît relativement simpliste et me semble ne pas prendre en compte la capacité, même passagère, de résilience de l’humain et le combat qu’il peut être amené à mener contre lui-même. Surtout, ça ne prend pas en compte le fait qu’un alcoolique puisse être une personne qui ne consomme pas d’alcool. Hors, on ne cesse pas d’être alcoolique seulement parce que l’on cesse de consommer … On le reste ad vitam aeternam !

Boire de l’alcool répond tellement à un besoin, presque vital (surtout à l’heure actuelle où nos vies professionnelles et sociales sont plus aliénantes que jamais), qu’il est extrêmement difficile de ne pas céder aux sirènes de la facilité, encouragé qui plus est, par tout un fonctionnement sociétal déculpabilisant, qui agit comme un inhibiteur de bonne volonté, presque sourd et aveugle face à tous les problèmes que peuvent rencontrer ceux qui n’arrivent pas à se maitriser et à se contrôler face à ce démon.

Il faudrait néanmoins revenir sur les phénomènes de lobbyings économiques immenses dont fait l’objet l’alcool et l’alcoolisme … Je ne le ferai pas ici, car la tâche me parait bien trop fastidieuse et chronophage. Cependant, il est intéressant de voir que dès le début des années 1900, la littérature scientifique française s’attarde à démontrer qu’il existe des formes d’alcoolisme « non problématique » ou encore des alcoolisme « non perturbant ».

Il y a un nombre incalculable d’études qui ont été menées sur l’alcool … Je pense que, comme en philosophie, chaque études répond à une étude préexistantes, tout étant interdépendant … Il est donc très difficile d’y voir clair et de prendre une étude sans évoquer les autres. De plus et comme l’expose excellemment bien Thomas Kuhn au travers de son concept de paradigmes (qui est en fait une réalité à un moment M), la science n’est pas absolue. J’utilise donc cette pirouette pour me permettre de faire une impasse sur cette partie de mon article (une facilité dont je m’excuse, je manque de temps). Je note cependant que beaucoup d’études que j’ai pu consulter sont basées sur des auto-évaluations (par les sujets eux même), hors comme le dit si bien Sartre, nous ne sommes pas transparent à nous-même et il nous est impossible de nous voir tel que nous sommes et encore moins de nous juger. Cela me paraît donc un brin biaisé.

Dans ce marasme, il me semble que le concept d’alcoolisme et d’alcoolique ne soit extrêmement flou … Surtout si on en vient à utiliser les notions de « problématiques » et « non problématiques » ! Par rapport à quoi ? Par rapport à quelle réalité ? Par rapport à quelle normalité ? Tout ça me parait bien trop subjectif … Nous ne savons pas ce qui nous détermine, alors comment savoir ce qui nous pousse à consommer ce verre, comment expliquer la volonté de boire, même un verre, en dehors d’une pulsion presque irrésistible … Qu’elle soit liée à l’habitude, à la pression sociale (qui n’est autre qu’une addition de pressions individuelles, liée à sa vision de soi-même au sein de ce groupe), à l’anxiété, au stress ou que sais-je … Elle garde son caractère irrésistible qui nous soumet, in fine, à nous-même et à nos pulsions.

Nous restons des êtres pulsionnels, qui ne se connaîtront jamais (puisque nous ne sommes qu’un amas d’avis, de perceptions, d’opinions … forcément biaisées puisque personne n’est omniscient).

Freud et Jung sont extrêmement intéressants à ce sujet. Le concept d’alcoolique me semble donc trompeur et aide surtout à désigner des non alcooliques … Sans aller plus loin dans l’analyse de soi-même que devrait impliquer sa soumission, à quelque chose d’extérieur à soi-même.

D’ailleurs, dans beaucoup de documents vidéos que j’ai visionné à ce sujet, nombreuses sont les personnes interrogées à désigner le groupe comme responsable de leur consommation (même si elle est minime voire quasi nulle). La pression sociale les pousserait à consommer pour se conformer à la norme, pour appartenir au groupe. Je trouve ça assez déresponsabilisant vis-à-vis de soi-même et même un brin facile et fallacieux. De plus, je vois cette tendance au conformisme comme quelque chose de très dangereux et aliénant.

Exit l’alcoolisme, bonjour le trouble de la consommation d’alcool (ou « TUA » Trouble de l’Usage de l’alcool)

Pas convaincu par « l’alcoolisme », je l’ai été bien plus par le TUA … Une notion que j’ai surtout retrouvée dans la littérature Américaine et/ou Canadienne. Peu populaire en France, le TUA gagne à être connu, puisqu’il me semble être bien plus répandu que l’archétype de l’alcoolique.

Ses symptômes devraient parler au plus grand nombre … Quelques un, pêle-mêle :

  • Une forte envie ou un désir incontrôlable de consommer de l’alcool.
  • Une incapacité à contrôler la quantité d’alcool consommée ou la durée de la consommation.
  • Une tolérance à l’alcool, nécessitant de plus en plus de quantités pour ressentir les effets désirés.
  • Le retrait d’alcool, caractérisé par des symptômes physiques tels que des tremblements, de l’anxiété, des nausées, des troubles du sommeil, etc., lorsque la consommation est réduite ou arrêtée.
  • La poursuite de la consommation d’alcool malgré la connaissance des problèmes de santé et des conséquences négatives associées.

Selon le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism, un médecin pourrait vous poser les questions suivantes afin d’évaluer votre degré de sévérité :

  • Avez-vous eu des moments où vous avez fini par boire plus, ou plus longtemps, que prévu ?
  • Avez-vous, à plusieurs reprises, voulu réduire ou arrêter de boire, ou avez-vous essayé, mais sans succès ?
  • Avez-vous passé beaucoup de temps à boire ? Ou à être malade ou à vous remettre d’autres effets secondaires ?
  • Avez-vous eu tellement envie d’un verre que vous ne pouviez penser à rien d’autre ?
  • Avez-vous constaté que la consommation d’alcool, ou le fait d’être malade à cause de la consommation d’alcool, interférait souvent avec le fait de prendre soin de votre foyer ou de votre famille ? Ou était source de problèmes professionnels ? Ou de problèmes scolaires ?
  • Avez-vous continué à boire même si cela causait des problèmes avec votre famille ou vos amis ?
  • Avez-vous abandonné ou réduit des activités qui étaient importantes ou intéressantes pour vous, ou qui vous donnaient du plaisir, afin de boire ?
  • Plus d’une fois vous êtes-vous retrouvé(e) dans des situations pendant ou après avoir bu qui ont augmenté vos chances de vous blesser (comme conduire, nager, utiliser des machines, marcher dans une zone dangereuse ou avoir des rapports sexuels non protégés) ?
  • Vous avez continué à boire même si cela vous faisait vous sentir déprimé(e) ou anxieux(-se) ou aggravait un autre problème de santé ? Ou après avoir eu un blackout ?
  • Avez-vous dû boire beaucoup plus qu’auparavant pour obtenir l’effet désiré ? Ou trouvé que votre nombre habituel de verres avait beaucoup moins d’effet qu’auparavant ?
  • Avez-vous constaté que lorsque les effets de l’alcool s’épuisaient, vous présentiez des symptômes de sevrage, tels que des troubles du sommeil, des tremblements, une agitation, des nausées, des sueurs, une accélération du rythme cardiaque ou des convulsions ? Ou senti des choses qui n’étaient pas là ?

Si vous avez répondu oui à 2 de ces questions, vous présentez déjà un degré léger, modéré (4 à 5 oui) et sévère (6 ou plus). Exemple de test en Français.

Le sujet est tellement vaste et large, qu’il apparait comme infini … Dans les millions d’études menées, celle-ci a particulièrement retenu mon attention.

Le TUA me semble être diffus de manière considérable dans la société (majoritairement à un degré léger). Lorsque l’on voit par exemple tous les débats que suscite le « dry january » et l’effort presque insurmontable qu’il représente pour certaine personne, nous sommes en droit de nous poser des questions sur la place de l’alcool dans les sociétés humaines. L’éthanol est hautement toxique pour la majorité des animaux. En plus de nous avoir octroyé une conscience et un égo, Dieu nous a aussi permis de métaboliser l’alcool … La quête de sens et le combat sacerdotal n’en sera que plus dur !

“The Relationship between Anxiety Disorders and Alcohol Use Disorders: A Review of Major Perspectives and Findings” examine la relation entre les troubles anxieux et les troubles liés à la consommation d’alcool. Les auteurs, Matt G. Kushner, Kenneth Abrams et Carrie Borchardt de l’Université du Minnesota, ont effectué une revue des principales perspectives et découvertes concernant cette relation.

Leur travail met en évidence le fait que les troubles anxieux et les troubles liés à la consommation d’alcool sont souvent coexistant et interdépendant. Ils partagent des facteurs de risque communs tels que des prédispositions génétiques, des traits de personnalité spécifiques et des expériences traumatisantes (nous reviendrons sur cette notion de traumatisme).

Les auteurs explorent différentes perspectives théoriques sur la relation entre ces deux types de troubles, notamment l’hypothèse de l’autotraitement, qui suggère que certaines personnes consomment de l’alcool pour soulager leurs symptômes anxieux, et l’hypothèse de la vulnérabilité commune, selon laquelle des facteurs sous-jacents tels que des dysfonctionnements neurobiologiques peuvent contribuer au développement des deux troubles.

L’article examine également les principales conclusions de recherches empiriques dans ce domaine, mettant en évidence des liens complexes entre les troubles anxieux et les troubles liés à la consommation d’alcool (excessive ou pas).

Les recherches peuvent mener dans un puit sans fond tellement il y a de ressources à ce sujet. Je souhaite juste attirer l’attention sur des concepts que j’ai rarement vus dans le paysage français.

Je survolerai l’analyse d’une étude concernant les « Différences entre les sexes dans l’épidémiologie de la consommation d’alcool et des dommages connexes aux États-Unis », tant son intitulé nous glace le sang d’entrée de jeux … Une étude comparant les identités de genre masculin et féminin (exploitant ainsi cette dichotomie archaïque créée par le patriarcat) … Honteux ! Quid des Genderfluid ? Si j’étais iel, je serai outré ! En soutien à la cause et pour prouver mon humanisme et ma tolérance, je suis dans l’impossibilité de traiter cette étude … Humour noir vous l’aurez compris (enfin, « noir » … disons plutôt caustique, n’en déplaise à tous les caustiquophobes).

La notion d’égalité en règle générale n’existe pas, puisqu’elle est une illusion construite de toutes pièces sur des critères arbitraires et toujours discutables (sauf pour les wokistes les plus aguerris et embrigadés, qui la confondent avec l’équité). C’est encore plus vrai dans nos rapports avec l’alcool. Au risque de vous surprendre, je vais encore prôner la singularité de l’humain, et oui, nous sommes tous différents … Tant sur le plan physiologique, neurologique, psychologique … L’impact de la substance ne sera pas le même suivant l’individu.

Toutes les études que j’ai consultées, comportant des éléments comparatifs basées sur les deux identités de genres connues (je suis taquin) mettent en évidence des grosses disparités entre homme et femme. Ces différences sont bien sûr très marquées sur le plan physiologique, il me semble assez inutile d’aller plus loin sur ce point. Cependant, je vais quand même donner 5 explications possibles.

  • Différences physiologiques : Les femmes ont généralement moins d’eau dans leur corps que les hommes, ce qui signifie que l’alcool est moins dilué et a un impact plus important sur leur organisme. De plus, les femmes ont généralement une concentration plus élevée de graisse corporelle, ce qui retient l’alcool plus longtemps, prolongeant ainsi ses effets.
  • Différences dans le métabolisme de l’alcool : Les femmes ont généralement des niveaux plus bas de certaines enzymes hépatiques impliquées dans la dégradation de l’alcool. Cela peut entraîner une métabolisation plus lente de l’alcool, ce qui prolonge les effets de l’intoxication.
  • Sensibilité accrue à l’éthanol : Les femmes peuvent être plus sensibles aux effets de l’alcool en raison de différences dans la distribution et l’action de l’alcool dans le cerveau. Cela peut entraîner une intoxication plus rapide et des effets plus prononcés sur le système nerveux central.
  • Risques spécifiques pour la santé des femmes : Les femmes sont plus susceptibles de subir des dommages physiques liés à l’alcool à des niveaux de consommation inférieurs à ceux des hommes. Par exemple, l’alcoolisme chez les femmes est associé à un risque accru de problèmes hépatiques, de troubles cardiovasculaires et de dommages cérébraux.
  • Facteurs socioculturels : Les différences de comportement liées à l’alcool entre les sexes peuvent également être influencées par des facteurs socioculturels tels que les normes de genre, les attentes sociales et les pressions sociales.

Voilà pêle-mêle quelques explications à ces différences (liste non exhaustive). Il est important de noter que ces points ne s’appliquent pas pour les xenogenres s’assimilant à des gobelins de la forêt sacrée (aucune étude n’a été menée à leur sujet).

Selon cette étude récapitulative Américaine, j’ai été assez surpris de constater que l’orientation sexuelle était un des critères les plus marquants concernant la consommation d’alcool. Effectivement, elle suggère notamment que les lesbiennes et les femmes bisexuelles sont deux fois plus susceptibles que les femmes hétérosexuelles, de s’adonner à une consommation excessive d’alcool chaque année (vous pouvez constater l’étude originale et ses méthodes de réalisation ici « Alcohol Use, Age, and Self-Rated Mental and Physical Health in a Community Sample of Lesbian and Bisexual Women »). Une statistique que l’on retrouve d’ailleurs concernant le phénomène de binge drinking (Les lesbiennes et les bisexuelles sont plus susceptibles que les hétérosexuelles de consommer 12 verres ou plus en une occasion – trois fois le seuil standard de consommation excessive d’alcool pour les femmes).

Même résultats selon cette étude intitulée « Sexual Orientation-Related Disparities in High-Intensity Binge Drinking: Findings from a Nationally Representative Sample ». Ici, tous les sous-groupes de femmes appartenant à des minorités sexuelles – sur la base de l’attirance, du comportement et de l’identité sexuels – étaient statistiquement plus susceptibles que les femmes exclusivement attirées par un autre sexe, ayant un autre comportement sexuel et s’identifiant à l’hétérosexualité de déclarer une consommation excessive d’alcool et une consommation excessive d’alcool de forte intensité.

La prévalence de la consommation excessive d’alcool de forte intensité chez les femmes appartenant à une minorité sexuelle était souvent deux à trois fois supérieure à celle des femmes s’identifiant à des hétérosexuels, ainsi qu’à celle des femmes déclarant une attirance et un comportement sexuels exclusivement axés sur d’autres types de sexe.

On devrait sûrement trouver une explication impliquant le patriarcat (ce sont des comportements plutôt masculin, donc c’est de la faute des hommes si les lesbiennes ont plus de prévalence à consommer de l’alcool de manière excessive, ça me parait logique et viable).

En revanche, chez les hommes, au travers le prisme de l’orientation sexuelle, les résultats sont sensiblement similaires. Cependant, les hommes attirés principalement/exclusivement par le même sexe et ayant un comportement exclusivement homosexuel, sont moins susceptibles que les hommes attirés exclusivement par un autre sexe et ayant un comportement exclusivement hétérosexuel, de déclarer une consommation excessive d’alcool.

Je laisse chacun tirer les conclusions qui lui convient.

Pour aller (beaucoup) plus loin

La relation entre humains et alcool reste encore à explorer. Beaucoup d’inconnus subsistent et beaucoup de découvertes restent à faire. Partons du principe que nous ne savons rien et que tout ce que nous savons est potentiellement faux, ou pourrait être invalidé et/ou complété par des découvertes nouvelles. Le consensus n’existe pas, au même titre que la vérité absolue et incontestable. Tout n’est que croyance et à ce titre toutes les « vérités » et/ou « certitudes » ne sont qu’illusions.

Depuis peu, les scientifiques s’intéressent à certaines personnes capables de produire de l’alcool dans leur organisme. Oui, l’humain peut produire de l’éthanol de manière endogène. Ce qui peut aboutir à des maladies de plus en plus fréquentes, comme la stéato-hépathite non alcoolique, plus connue sous le nom de « foie gras » ou NASH en anglais (nonalcoholic steatohepathitis). Cette maladie a souvent été associée à une surconsommation de soda ou du sucre en général. Or, aujourd’hui nous pouvons affirmer que certaine personne sont atteintes du syndrome d’auto brasserie. Considéré comme rare, il pourrait être bien plus répandu.

La conclusion de cette étude ne laisse aucune place au doute quant à la méconnaissance de ce syndrome.

« On sait très peu de choses sur le mode de vie, la santé, le régime alimentaire et les antécédents médicaux de ces patients. En outre, aucune étude à grande échelle n’a cherché à établir des critères de diagnostic ou à trouver des traitements efficaces, bien que les antifongiques, les changements de régime alimentaire et la transplantation de microbiote fécal puissent être envisagés dans le cadre d’études futures. La fermentation dans l’intestin est une partie normale du processus digestif et se produit par la décomposition des aliments par les bactéries normales du côlon. Cependant, chez les personnes atteintes d’APA, la fermentation peut se produire plus haut dans le tube digestif, notamment dans la bouche, l’estomac, l’intestin grêle et le cæcum. Certains champignons, tels que Candida albicans et Saccharomyces cerevisiae, sont responsables de la transformation des aliments riches en hydrates de carbone en éthanol. Ces dernières années, de nombreux cas d’APA ont été signalés, mais les chercheurs sont loin d’avoir clarifié la physiopathologie, le diagnostic et le traitement spécifique. Bien que rarement signalée, il a récemment été suggéré que l’APA pourrait représenter une pathologie sous-diagnostiquée. » The Auto-Brewery Syndrome: A Perfect Metabolic “Storm” with Clinical and Forensic Implications / Ricardo Jorge Dinis-Oliveira

Cette étude complète par exemple celle-ci : Auto-Brewery Syndrome: A Clinical Dilemma, qui souligne aussi la difficulté de diagnostic et une méconnaissance totale.

Alors peut-on considérer quelque chose qu’on ne connait pas comme rare ? C’est une question qui mérite d’être posée. Au même titre que les investigations à mener à ce sujet, surtout au regard de notre consommation d’aliments transformés toujours plus grande.

Il y a aussi beaucoup de questionnements et d’études portant sur le lait maternelle et sa teneur en alcool (alors même que la femme ne consomme pas). Ce qui pourrait potentiellement mettre en lumière une exposition dès le plus jeune âge.

Tout reste à découvrir. Tout ce que nous savons est déjà potentiellement faux et/ou incomplet.

La notion même d’avis et de convictions me paraît corrompue par nature. Comme l’utopisme mène inéluctablement au totalitarisme, l’expertise mène au dogmatisme … Il est très difficile de s’extirper de nos certitudes, généralement profondément ancrées et qui sont souvent rattachées à des valeurs morales (son positionnement dans le « bon camp » reste, selon moi, plus important que l’avis ou le discours le permettant). Valeurs morales qui sont pourtant si volatiles, fluctuantes et manipulables.

Merci de m’avoir lu !