Partie 2 – Repenser la laïcité à la lumière de notre héritage catholique : pour une sécularité inclusive et pérenne.

Je suis une personne lambda, je donne modestement mon avis sur une question pour le moins épineuse. Je pense que n’importe qui est apte à donner un avis et participer au débat public. Je tiens néanmoins à préciser que je suis agnostique, je n’ai aucun lien avec l’Eglise catholique et que je ne suis ni religieux, ni pratiquant.

Le multiculturalisme aveugle en tant que « religion » politique et sociale (clin d’œil à l’excellent livre de Mathieu Bock-Coté « le multiculturalisme comme religion politique ») peut être envisagé comme une approche sociopolitique visant à « célébrer » (terme très prisé chez les gauchistes) la diversité culturelle au sein d’une société.

Cette idée, bien que louable dans son objectif de favoriser l’inclusion et la coexistence pacifique, soulève des enjeux et des problématiques qui ne peuvent être ignorés et qui deviennent de plus en plus visibles et palpables. D’une part, la question de la définition commune de valeurs fondamentales devient cruciale, car le multiculturalisme peut parfois conduire à des tensions, lorsque différentes cultures ont des perspectives divergentes sur des questions religieuses, éthiques ou sociales.

D’autre part, la gestion équilibrée des identités culturelles représente un défi majeur pour un régime républicain et démocratique, avec toujours le risque de favoriser la fragmentation et le ressentiment, plutôt que l’unité.

L’équité dans la reconnaissance des différentes cultures est un but difficile à atteindre (voire chimérique lorsque les revendications se multiplient), entraînant parfois des perceptions d’injustice. C’est important de faire la différence entre l’équité et l’égalité.

Alors que l’égalité cherche à instaurer une uniformité générale (qui aboutit à des non-sens et des discriminations puisque la singularité de chacune de nos humanités profondes, fait que nous ne serons jamais égaux), l’équité aspire à harmoniser nos différences individuelles pour promouvoir le bien commun.

Ainsi, l’idée d’une société véritablement égalitaire (ou « égalitariste ») est illusoire et utopique (l’utopie menant inéluctablement au totalitarisme), tandis qu’une société équitable représente un idéal vers lequel nous devrions constamment tendre.

Il est essentiel de trouver un équilibre délicat entre la célébration de la diversité et le maintien d’une cohésion sociale basée sur des principes partagés.

En fin de compte, bien que le multiculturalisme puisse être une approche stimulante pour la construction de sociétés « inclusives », il nécessite une réflexion approfondie sur la manière de concilier la diversité culturelle avec des valeurs communes.

Dans cette perspective, j’ai bien conscience que l’idée d’opérer un rétropédalage et de revisiter l’application de la laïcité, en faveur d’une sécularité qui respecte l’héritage catholique, se pose comme une proposition audacieuse et à contre-courant, mais fondamentalement nécessaire pour se dresser contre n’importe quel impérialisme, qu’il soit religieux, philosophique (wokisme, lorsqu’il s’agit d’interdire la tenue de crèche pendant la période de noël, en invoquant cette laïcité par exemple) et/ou économique (capitalisme, globalisme …etc).

Il n’est pas question d’évangéliser, de chercher à convertir ou à faire du prosélytisme, mais plutôt de développer une société qui partage des valeurs communes et qui est en accord avec nos racines, dans le dessein de bâtir une société plus inclusive et stable, tout en gardant les principes fondateurs de la sécularité.

Cette approche, bien que controversée, soulève des questions essentielles sur l’identité culturelle, la cohésion sociale et la durabilité de la société française, entre enracinement et ouverture sur le monde. Il faut savoir raison gardée et être honnête envers soi-même et ces semblables, soit on opère ce virage serré, soit on assume le fait d’aller vers un modèle de société arabo-musulman ou alors troisième solution, on abroge la religion (et donc TOUTES les religions), ce qui apparaît, vous en conviendrez, comme la solution la plus radicale et loufoque.

Comme le dit le dicton populaire, « y’a pas 36 solutions » J. Il n’y a aucuns gros mots dans cette introduction, je tente juste modestement, d’apporter une réponse claire, perspicace et prosaïque à une question sempiternelle et centrale dans notre société. Je vais tenter de vous expliquer mon positionnement de manière étayée, en tentant d’être le plus précis possible.

Tout part de là.

« Oui, mais on s’en fout de la religion », d’accord, mais force est de constater (via l’enquête IFOP préalablement disséquée par exemple et selon laquelle presque 70% des musulmans interrogés se revendiquent croyant et pratiquant) que les différentes communautés présentent sur notre sol, ne partagent pas tous ce sentiment, c’est même plutôt l’inverse, pour beaucoup la religion a une place très importante.

C’est cruciale de comprendre que je ne fais pas l’apologie, ni même la promotion du catholicisme en tant que religion, cette démarche vise à établir une vision partagée, un socle culturel commun, qui agirait comme un phare, guidant notre compréhension collective. En cherchant cette ancre culturelle, nous aspirons à édifier une base solide permettant à la société de s’épanouir, non pas en tant que faveur à une croyance particulière, mais comme un acte de préservation et de transmission d’une identité culturelle commune.

L’héritage catholique est indissociable de l’histoire et de la culture française. Des cathédrales majestueuses aux traditions festives (noël par exemple), il imprègne chaque recoin de la société. En reconnaissant cet héritage, ma proposition soutient que la sécularité devrait s’adapter pour mieux refléter la réalité historique et culturelle du pays (sinon nous sommes condamner à fêter Thanksgiving par exemple)

En créant une identité commune, elle aspire à transcender les différences, offrant un terrain sur lequel chaque individu peut se reconnaître, contribuant ainsi à renforcer le tissu social dans toute sa diversité.

Cependant, il est important de noter que cette reconnaissance ne devrait pas conduire à un favoritisme religieux ou à une préférence institutionnelle. Elle avance, au contraire, une adaptation visant à promouvoir une compréhension plus globale des racines culturelles, tout en préservant les principes fondamentaux de la sécularité.

La sécularité que je propose ne cherche donc pas à favoriser une religion au détriment d’une autre, mais à élargir la compréhension de la sécularité pour inclure officiellement l’héritage catholique dans le patrimoine commun. Nous ne sommes pas un pays neutre ! Il est nécessaire de reconnaitre et de réhabiliter notre héritage.

En négligeant cette reconnaissance, nous créons un vide culturel, susceptible d’être comblé par d’autres forces, qu’elles soient d’ordre religieuses, économique ou philosophiques.

Il y a également le danger de voir émerger un communautarisme, voire un tribalisme exacerbé. Les individus, repliés sur leurs identités respectives, pourraient se regarder en chien de faïence, créant ainsi un climat propice à des conflits inévitables.

A part si on est aveugle, sourd, muet et que l’on vit dans une grotte perdue au fin fond de la Creuse (ou tout simplement si on est un gauchiste), cette situation est déjà largement observable, et elle est selon moi le résultat d’une déficience dans la gestion de la diversité culturelle et religieuse, qui résulte directement de ce flou autour de la notion de laïcité.

Si l’on rejette de manière absolue et viscérale l’héritage catholique français et tout ce qu’il représente, cela revient à adopter une position incompatible pour évoluer sereinement et de manière harmonieuse dans la société Française. Comme le disait Martin Luther King “La haine n’apporte jamais de solutions durables.”. Lorsque la haine est là, entretenue et transmise, elle devient une prison dans laquelle ceux qui l’entretiennent se retrouvent captifs.

Cela soulève la question cruciale selon laquelle, sans une identité commune et une base culturelle partagée, il devient difficile de maintenir une unité au sein de la société. Les éléments culturels, y compris l’héritage religieux, servent de fondement à cette identité commune.

En les rejetant de manière absolue, on brise le lien social intercommunautaire.

Ainsi, la préservation d’une identité culturelle commune joue un rôle crucial dans le maintien de l’unité et de la stabilité au sein de la nation. Ce socle, qu’on le veuille ou non, nous ramène à notre héritage catholique, puisque c’est celui qui a façonné notre pays.

La laïcité (comprendre “la sécularité”) ne peut être comprise et mise en œuvre de manière adéquate, que lorsqu’elle est ancrée dans un contexte historique et culturel spécifique, propre à chaque pays. En ce sens, elle ne peut être universelle de manière abstraite, car elle doit tenir compte des traditions, des valeurs et des cultures de ces derniers, sous peine de les sacrifier sur l’autel du multiculturalisme et de les voir disparaître, au profit d’un monde uniformisé, aseptisé, mondialisé, tous réuni sous l’égide de la consommation … Un monde McDonald !

Elle doit être entreprise comme un reflet des sociétés qui l’adoptent, teintant de ses couleurs flamboyantes toutes les cultures voulant s’y assimiler. Ces éléments extérieurs constituent aussi la trame temporelle et culturelle, qui a façonné l’identité du pays au fil des siècles, mais toujours en respectant un socle commun et la base identitaire commune évoquée auparavant.

En enracinant la laïcité dans le contexte historique et culturel, on reconnaît la diversité des expériences humaines et des héritages nationaux. Cela permet également de définir les contours de la laïcité de manière plus précise, en tenant compte des spécificités locales et des aspirations de la population. La véritable essence de la laïcité, réside dans sa volonté d’harmonisation des différences, afin de nous guider vers un équilibre délicat entre liberté individuelle et cohésion sociale.

C’est pourquoi les libertés individuelles doivent parfois s’effacer au profit du vivre ensemble et de cette notion de cohésion sociale.

L’idée d’une laïcité universelle, abstraite et absolue est irrémédiablement chimérique, fantasmagorique et utopique. Effectivement, ce qui peut être considéré comme neutre et équitable dans un contexte culturel donné, peut être perçu différemment dans un autre. C’est exactement le cœur du problème puisqu’une partie de la communauté musulmane considère la laïcité comme discriminatoire, car comme ça a été écrit dans la partie 1, elle la considère comme une entrave à sa liberté individuelle.

Or, si ce cadre n’est pas respecté, le phénomène d’intégration et d’assimilation ne peut pas avoir lieu. En refusant de s’inscrire dans le cadre établi et en cherchant à imposer un autre modèle sociétal et culturel, l’individu s’exclut et se condamne à évoluer à la marge.

Il s’agit d’être dans un processus bidirectionnel, chacun devant faire un pas vers l’autre. Selon moi, sans cette idée de base culturelle commune, la construction d’une société pérenne et stable n’est pas possible.

Dans cette optique, la majeure partie des revendications indiquées dans l’enquête IFOP préalablement citée, ne rentre pas dans ce cadre. Elles vont profondément à l’encontre de cette conception de la laïcité, pour octroyer une forme de dérogation ou de « passe-droit » à la communauté musulmane. Dès lors le contrat sociétal qui régit la société et permet l’harmonisation des différences, est rompu. A partir de là, c’est le début d’un rapport de force.

Cette conception de la laïcité permet donc de fixer un cadre et des limites. Selon moi, le voile par exemple peut rentrer dans ce cadre. C’est une manifestation sobre, qui ne rentre pas en désaccord total avec l’héritage chrétien Français (certaines femmes peuvent choisir de porter le voile pendant les cérémonies religieuses) et qui permet aux personnes qui le souhaitent, de préserver une partie de leur héritage culturel. Mais ça permet aussi aux personnes qui veulent se détacher de ces traditions, parfois rendu obligatoires ou imposer de manière coercitive, de le faire.

Je pense que ce type de question, devrait faire l’objet d’une consultation citoyenne, via le principe du referendum.

J’ai toujours été très interloqué voire fasciné, par ces individus qui admirent les peuples étrangers engagés dans un combat pour préserver leurs cultures (souvent en regardant des émissions de télévision un brin ethnocentristes ou lors d’un voyage organisé) alors qu’ils fustigent ceux qui tentent de le faire chez eux, allant même jusqu’à les discréditer, les disqualifier, les calomnier ou les ostraciser …

Ce phénomène, oscillant entre l’admiration et l’incohérence, soulève des questionnements sur la nature humaine et la manière dont les individus perçoivent la préservation culturelle, selon qu’elle se déroule chez soi ou ailleurs.

On peut opérer un rapprochement avec la pensée de Carl Gustav Jung, à travers la notion d’inconscient collectif. Selon lui, il s’agit d’une couche de l’inconscient partagée par tous les êtres humains, et elle contient des archétypes universels qui influencent notre perception du monde.

L’idée serait que, d’une part, l’inconscient collectif pousserait les individus à admirer la préservation culturelle étrangère en tant qu’expression d’archétypes culturels riches, authentiques et digne d’être transmis.

D’autre part, qu’il puisse également influencer la résistance ou la critique envers la préservation culturelle chez soi, en raison de complexités psychologiques liées à l’identité individuelle et collective, qui pourrait être liées selon moi, à une éducation extrêmement portée sur la culpabilisation, très peu nuancée et très manichéenne (où le mauvais est désormais bien identifié et se retrouve être la cible de « l’intersectionnalité » …).

Ce qui mènerait les individus à détester, voir même à rejeter leur propre culture, pour toujours préférer une autre forme d’altérité, considérée comme plus vertueuse.

« L’autre » représentant cet être miraculeux, entre résilience, bienveillance et humanisme, qui nous éclabousserait par son éclat d’humanité, quand nous ne serions que des êtres égotiques, malveillants et coupables.

Pour certains compatriotes (souvent jeunes et endoctrinés), rejeter de manière toute forme de sécularité qui respecterait notre héritage catholique, serait alors perçu comme un acte de repentance, une manière de s’excuser des horribles erreurs commises par nos ancêtres, les percevant comme des êtres profondément rustres et arriérés.

Ils se confortent et se complaisent dans un statut de « citoyen du monde » ayant atteint un stade ultime de compréhension et de bienveillance (ce qui leur permet de marginaliser n’importe qui n’étant pas de leurs côtés, de ne pas débattre et d’étiqueter toute forme d’opposition comme étant d’extrême droite, d’ultra droite ou de la droite radicale, jusqu’au niveau suprême du nazisme).

Dans ce sens, il faut diaboliser le passé, embrasser le progressisme (presque comme nouvelle religion) et faire table rase du passé.

Une partie des tabous sur les questions migratoires et la volonté de certains peuples occidentaux de se saborder, peut s’expliquer par ce type de thèse.

C’est forcément un sujet extrêmement complexe, je n’avance aucune idée de manière péremptoire, juste des pistes de réflexions …

En explorant l’équilibre entre la laïcité, l’héritage catholique et la diversité culturelle, cette réflexion permet d’apporter une réponse claire à toutes les controverses que nous avons vécues, que nous vivons et que nous vivrons encore de plus en plus si rien ne change. Il faut faire un choix fort, entre soumission et affirmation.

Reconnaître l’héritage catholique, construire une identité culturelle commune et encadrer la liberté individuelle sont autant de piliers qui éclairent le chemin vers une société pérenne et stable.

La question de l’inconscient collectif révèle des paradoxes intrigants sur la manière dont nous percevons la préservation culturelle. L’admiration pour l’altérité peut parfois être teintée d’incohérence, soulignant ainsi les complexités psychologiques qui sous-tendent nos attitudes envers la diversité.

Enfin, l’appel à reconnaître l’héritage catholique ne vise pas à favoriser une religion, mais à établir un socle culturel commun, fondement d’une société épanouie.

Dans une ère où les débats sur l’identité nationale et la laïcité sont monnaie courante, cette proposition, bien que controversée, offre une perspective pour guider notre société vers une cohésion sociale durable et vertueuse. Elle doit bien sûr s’inscrire dans un projet global d’envergure (incluant notamment notre posture vis-à-vis de l’Union Européenne et des États-Unis) afin d’enrayer la machine mondialiste.